Partenariat Citeo (2022-2028)
Innover ensemble pour révéler tout le potentiel du papier-carton !
Objectifs du projet
Industrialiser les solutions développées pour les mettre concrètement à disposition des entreprises, et ainsi répondre aux attentes des consommateurs. 3 questions à Gilles Lenon, directeur général du CTP et Jean-François Robert, directeur technique fibreux et verre de Citeo.
Écrit par Adeline Abegg 23 nov. 2022
Rencontre avec...
 |
 |
|
|
Gilles Lenon |
Jean-François Robert Directeur technique fibreux et verre de Citeo |
Quel bilan tirez-vous des 3 dernières années de partenariat ?
Jean-François Robert :
Rappelons d’abord que chez Citeo, la R&D est un levier clé de performance pour réduire les impacts environnementaux des matériaux d’emballages. Nous y consacrons plus de 10 millions d’euros chaque année. Nos modes de coopération sont variés : appels à projets ou à manifestation d’intérêt, programme d’accélération et d’accompagnement de l’innovation Circular Challenge Citeo, et collaboration avec des centres de recherche.
Depuis 2017 avec le CTP, nous avons travaillé autour de 3 grands axes d’action :
- garantir la recyclabilité des papiers et des emballages en papier-carton;
- développer les nouvelles propriétés des emballages en papier-carton, comme les propriétés barrières à l’eau, à l’air… L’un des objectifs est de tendre vers des solutions d’emballage papiers-cartons monomatériaux, recyclables et biodégradables, répondant aux besoins des marchés. Travailler la transparence, la fermeture, l’élasticité et la capacité à épouser différentes formes d’emballage fait aussi partie de nos axes de recherche;
- améliorer et démontrer l’aptitude au contact alimentaire des nouvelles solutions développées, dans le respect des enjeux sanitaires.
Le Centre Technique du Papier est un organisme de référence reconnu au niveau international pour la qualité de ses recherches & développements dans la filière papier-carton, et les travaux menés ont été fructueux.
Gilles Lenon :
En effet, nos recherches ont notamment permis de repousser les limites de nos connaissances pour développer les propriétés des fibres de cellulose, matières premières des emballages en papier-carton. Et ceci, sans compromettre leur recyclabilité dans les filières existantes.
Parmi les succès, citons le projet E-bliss, un emballage papier transparent et thermoscellant au grammage faible pour conditionner les journaux et magazines envoyés par voie postale. Une innovation très utile au secteur de la presse, qui lui permet de répondre aux restrictions réglementaires sur l’usage du plastique.
Ces dernières années, nous avons aussi déployé une technologie de rupture, la chromatogénie, pour la fabrication du gobelet, sans modifier ses caractéristiques et sans nuire à son recyclage : elle rend le papier-carton résistant à l’eau. Comment ? En greffant une molécule d’acide gras sur une petite partie des molécules de la surface du matériau. Ainsi, les gobelets en papier-carton peuvent répondre aux usages pour boissons chaudes ou froides. Pour obtenir un gobelet monomatériau 100% cellulose, il ne nous reste qu’une dernière marche à franchir : substituer les 3% restants de polymère non biosourcé, mais biodégradable, qui apportent une barrière au gras (si vous souhaitez mettre du lait dans votre café, par exemple) et qui permettent la soudure du fond du gobelet et de ses parois sans utiliser de colle. Cette avancée significative a déjà été possible grâce à Citeo. Ce gobelet « nouvelle génération » doit encore obtenir sa certification officielle d’aptitude au contact alimentaire. Un dossier va très prochainement être déposé dans ce sens.
Le partenariat avec CITEO devrait maintenant nous permettre de donner une réalité à la prochaine génération d’un gobelet 100% cellulose, suite aux premières preuves de concept déjà produites par le CTP sur son pilote prototype.
En quoi ce partenariat renouvelé pour 6 ans va permettre d’aller plus loin ?
Jean-François Robert :
Avec un peu plus d’1 million de tonnes d’emballages ménagers papiers-cartons commercialisées chaque année et un taux de recyclage de 72% (et 1,6 million de tonnes de papiers graphiques avec un taux de recyclage de 62%), le matériau papier-carton tient une place prépondérante dans l’économie circulaire. Conséquence du développement du e-commerce depuis plusieurs années, ce matériau est en croissance et devrait voir ses parts de marché croîtrent encore, si on en juge par l’intérêt croissant qu’il suscite dans le secteur de l’emballage.
Au travers de ce nouveau Programme Spécifique d’Innovation (PSI), nous allons renforcer nos travaux de recherche et de développement pour rendre ce matériau encore plus performant tout en conservant ses vertus environnementales et sa recyclabilité. Et surtout, nous allons accélérer l’industrialisation des solutions qui auront prouvé leur efficacité. Le passage à l’échelle est indispensable pour mettre à disposition des consommateurs des solutions circulaires concrètes, disponibles en points de vente. Sur certains marchés, en particulier l’agroalimentaire, la restauration ou l’hygiène-beauté, les entreprises sont en attentes de solutions papiers-cartons monomatériaux. Nous devons travailler avec elles pour concrétiser le fruit de nos travaux. Ce renforcement se traduit par un engagement financier significatif de Citeo de 10 millions d'euros minimum sur les 6 ans du partenariat.
Gilles Lenon :
Le CTP se différencie des autres instituts européens par ses activités et ses moyens au plus près des besoins industriels. Il a pour vocation de donner une réalité industrielle aux résultats de ses programmes de R&D. Pour cela, nous avons besoin de travailler avec tous les acteurs de la filière, producteurs et équipementiers, pour tester la robustesse des avancées technologiques dans des applications pertinentes, et industrialisables.
Quels sont les projets en cours ou prévus, et pour quelles applications ?
Gilles Lenon :
Nous avons, entre autres, deux projets prometteurs en cours. Le premier pourrait donner un nouvel avenir à la barquette alimentaire ! Actuellement, les barquettes capables d’emballer des aliments sont majoritairement pétrosourcées, et celles en cellulose moulée sont minoritaires, car encore insuffisamment performantes. Leurs propriétés barrières sont généralement garanties par l’ajout d’une pellicule « plastique » ou d’additifs que la réglementation tend à réduire ou interdire. C'est pour sortir de cette impasse qu'a été lancé en 2021 le projet MC2, mené par le CTP, Citeo et huit partenaires industriels. Son objectif ? Développer et valider des barquettes en cellulose moulée monomatériaux et barrière à l’eau, aux graisses et aux gaz. Comment ? Grâce à une nouvelle technologie innovante de dépôt d’une couche 100% cellulose en MFC (microfibrilles de cellulose), biodégradable et recyclable dans la filière papier-carton. Le projet MC2 assurera ainsi les propriétés barrières exceptionnelles de cette barquette. Les marchés visés sont la restauration rapide puis la restauration collective. Ce projet court jusqu'en 2023.
Par ailleurs, nous travaillons sur des mousses de calage en fibres de cellulose, particulièrement intéressantes pour le secteur du e-commerce, car elles pourront notamment remplacer les calages de type polystyrène par exemple, et simplifier le geste de tri et le recyclage des emballages.
Jean-François Robert :
Par ce PSI, nous allons poursuivre les développements sur les grands axes d’écoconception évoqués précédemment en veillant à accompagner leur industrialisation : la soudure par ultrasons alternative aux colles, l’adressage discret pour le développement du routage à découvert des magazines, et l’ensemble des travaux sur les solutions barrières.
Mais nous voulons aussi renforcer nos efforts d’innovation en matière de recyclage : optimisation des performances matières et énergétiques, amélioration de la qualité des matières recyclées, et anticipation de l’évolution de la composition des flux à recycler, qui évolue avec la consommation des Français.
 |
 |